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9 septembre 2008 2 09 /09 /septembre /2008 17:13

Sous un soleil légèrement voilé et une atmosphère lourde, des hommes et des femmes courent, la foulée irrégulière et le regard lointain. La souffrance qui s’en dégage est presque communicative; insoutenable. On est le 15 août 2007, je suis là, spectateur de l’EmbrunMan. Et comme bien souvent, le rêve m’emporte. Je m’imagine au beau milieu de cet enfer…

7 mois ont passés. Et quels mois! Une saison de skis de montagne à rendre folles les marmottes, tellement elles ont du être dérangées par le crissement de mes peaux de phoque synthétiques au dessus de leurs terriers. Le foncier y est, il y a plus qu’à avaler des longueurs en natation et des kilomètres en vélo et course à pieds. On est début avril, je m’inscrit à l’EmbrunMan et commence ma préparation. 4 mois de pur bonheur. La vie d’un sportif de haut niveau. 10, 15 puis 20 heures par semaine d’entraînement. Mon corps encaisse des charges de travail que je croyais jusque là impossible. Le temps passe et la pression se fait croissante en approchant de cette date mythique depuis 25 ans à Embrun, le 15 août.

3 heures 30, le réveil m’appelle. Rapidement je suis dehors. Le sol est humide mais il ne pleut pas. Rassuré, je vais prendre mon petit déjeuner copieux sans rien oublier. Soudain, le tonnerre gronde et une pluie battante se déchaîne sur la ville. Des trombes d’eau! A être mouillé, j’enfile ma combi de nat et part pour le parc à vélo. De toute façon à l’eau il va bien falloir y aller. Bonjour aux collègues, encouragements et accolades cassent un peu l’atmosphère pesante. On sent bien que chacun est déjà dans sa bulle. Très vite, l’heure du départ arrive et c’est sous les applaudissements de milliers de spectateurs que je suis porté dans l’eau par la vague de plus de mille concurrents. A la sortie, toujours autant de monde nous encourage. Déjà l’esprit est au vélo. Vite se changer et repartir pour la partie la plus longue de la journée. Dans les pentes de Puy-Sanières, l’effort rend la fraîcheur de la matinée agréable. Le rond point de l’entrée d’Embrun se profile déjà à l’horizon avec son flop de spectateurs. Virage à droite rapide, se mettre en danseuse pour relancer, lever la tête. La foule hurlante s’écarte pour nous permettre le passage. Pur moment de magie ou l’on se sent véritablement porté par le public admiratif. La remontée de la vallée de la Durance et celle du Queyras, précède la difficulté majeure du parcours. Il y en aura d’autre mais plus inattendue que celle la. Je veux parler de la météo qui me laissera tranquille jusqu’au sommet du col d’Izoard. Descente sur Cervières prudemment négociée tant le bitume est détrempé. La pluie battante et même la grêle m’accompagnerons jusqu’à Embrun dans un froid insoutenable. Dans ces circonstances on se demande parfois ce qu’on fait là, qu’est ce qui nous pousse à continuer. L’engagement physique et le dépassement de soi peut-être, que j’aurais vraiment atteint ce jour la. Je connais ces moments parfois l’hiver en montagne. Et pourtant on y retourne avec toujours autant de plaisir et de passion.

Heureux de quitter le vélo je m’élance sur le marathon et très vite l’impression de courir sur un nuage fait place à la souffrance. Soutenu et encouragé par la foule compatissante et admiratrice, les mètres défilent. Tantôt lucide, souvent dans l’au-delà, je cours vers la ligne d’arrivée ou une haie d’honneur m’accompagne. L’émotion est à son comble, instant magique ou le réel et l’irréel ne font qu’un. La fatigue et la douleur m’empêche même de pleurer. Seul le sport nous apporte ces moments la. EMBRUN JE REVIENDRAIS.

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